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le tango se corse

14 février 2009

Massacres de la Saint-Valentin

La Saint Valentin s’associe à deux massacres de l’histoire.
Celui en 1929 commandité par Al Capone et exécuté par Jack McGurn dit La Sulfateuse sur le gang des irlandais à Chicago.
Celui en 1349 où, en Alsace, des centaines de juifs furent brûlés vifs à l’époque de la peste noire.
La magie du marketing et la nécessité de trouver des dates favorables dans un calendrier chargé en ont inversé la mémoire.
Mais en guise de souvenir taquin El Clarín dans son supplément a de los enamorados publie les messages les plus assassins que des amoureux puissent s’échanger.

En voici un florilège :

Me decías mi angelito. Despues me enteré que los ángeles no tenian sexo.
Tu m'appelais mon petit ange. Après je me suis rendu compte que les anges n'avaient pas de sexe.

Con los preservativos que no usamos le hice el cumple a mi sobrino, gracias !
Avec les préservatifs que nous n'avons pas utilisés,  j'ai fait un cadeau d'anniversaire à mon neuveu. Merci !

Ahora a tus pechitos nuevos sólo los disfruto por FaceBook ¡ Maldición !
Maintenant tes nouveaux petits seins, j'en profite uniquement sur FaceBook. Malédiction !

Sos menos estimulante que hacer un electroshock con una pila de reloj.
Tu es moins stimulante que de faire un électrochoc avec une pile de montre.

Siempre supe que iba a ser mi mejor Ex.
J'ai toujours su que tu serais ma meilleure ex.

Te admiro por dejarme, yo hubiera hecho lo mismo.
Je t'admire de m'avoir quitté. J'aurais fait pareil.

No sos renga, vivis bailando.
Tu n'es pas boiteuse,  tu vis en dansant.

Hasta mi psícóloga hace terapia por tu culpa.
Même ma psychologue fait une thérapie par ta faute.

Ahora entiendo porque los huracanes tienen nombres de mujer.
Maintenant je comprends pourquoi les ouragans ont des noms de femme.

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11 février 2009

Eloge de la paresse

Hoy no he hecho nada.                                                 Aujourd'hui, je n'ai rien fait.
Pero muchas cosas se hicieron en mí.                    Mais beaucoup de choses se sont faites en moi.

Pájros que no existen                                                    Des oiseaux qui n'existent pas
encontraron su nido.                                                     ont trouvé leur nid.
Sombras que tal vez existan                                       Des ombres qui existent peut-être
hallaron sus cuerpos.                                                    ont trouvé leurs corps.
Palabras que existen                                                      Des paroles qui existent
recobraron su silencio                                                  ont recouvré leur silence.

No hacer nada                                                                   Ne rien faire
salva a veces el equilibrio del mundo,                    sauve parfois l'équilibre du monde,
al lograr que también algo pese                                 obtenant que quelque chose aussi pèse
en el platillo vacío de la balanza.                               sur le plateau vide de la balance.

Roberto Juarroz (poète Argentin 1925 - 1995)
extrait de "Decimotercera poesía vertical" (Treizième poèsie verticale)


                              
10 février 2009

Anciens et Modernes

Ma propre réponse à l’intéressante question de Leo sur la practica X m’avait laissé insatisfait !
Leo faisait remarquer que les danseurs des nouvelles tendances du tango dansaient plus proches qu’avant.
Je lui avais répondu qu’au fond ça n’avait pas beaucoup changé sauf que les danseurs modernes ont plus de technique et plus de souplesse.
En relisant, l’interview de Pablo et en la dégraissant de ses éléments narcissiques (mais après tout lorsqu’on est un des meilleurs danseurs du monde …), il me semble que l’on passe peut-être à côté de la vrai problématique.

Celle-ci pourrait bien s’incarner dans la vieille opposition entre classiques et modernes sauf que le cycle s’est terriblement raccourci et que les modernes d’il y a quelques années jouent le rôle des classiques d’aujourd’hui.
Les  classiques reprochent aux modernes la perte de la part sacré par excès de dilution.
Les modernes reprochent aux classiques leur trop grand respect de la part sacré qui conduit à la fossilisation.

Si on peut la nommer ainsi, la part sacré est au cœur de cette danza maligna, cet Indéfinissable après quoi courent tous les mots sans jamais le rattraper. Comme le goût d’un fruit ou l’amour véritable, il est reconnu immédiatement sans la possibilité d’aucune définition universelle.

Modernes hier face aux tenant du tango pegadito (collé), devenus Anciens aujourd’hui face aux tenant du tango fusion, les Maestros qui « savaient marcher » et « donner du poids à ce qu’il dansait » font office de gardien du temple.

Quant à la proximité, elle est aujourd’hui entrée dans le codex grâce sans doute aux anciens Anciens, les milongueros aux gros ventres qui finalement auront fait avancer le train plus qu’on ne l’imagine.

8 février 2009

Bouquinistes

Le chineur de vieux livres, de magazines rares ou de 33 T de tango décrépis est bien souvent la proie des marchés pour touristes comme celui de San Telmo qui est maintenant un disney world tanguero.

Voici deux adresses bien moins fréquentées :

- Sante Fe vers les 4000 ( à hauteur de la place Italia)

- Rivadavia vers les 5000 (auteur du Parc Rivadavia)
   Ce dernier est de loin le plus grand.


7 février 2009

Pablo Verón revient et... il n'est pas content.

PV_Jump_web

Je me permets de pirater l'interview de el tangauta dont j'ai fait un Pdf car je sais que les liens sur internet ont la vie courte.

Interview de Pablo Verón par Carlos Bevilacqua

Je conseille sa lecture à tous les danseurs car d'accord ou pas, la parole de ceux qui parlent d'une telle hauteur est toujours la bienvenue.

Je n'ai pas le coeur de la traduire in extenso car elle est vraiment longue mais pour résumer : après avoir retracer sa carrière, Pablo s'en prend aux dérives de la mouvance actuelle qui avance en oubliant ses racines et produit un tango vide de sens. Il y déplore le lien perdu avec le vrai tango et l'expansion de sa marchandisation. D'un point de vue plus technique, il fustige les visions géométriques de l'enseignement au détriment de la qualité du mouvement et de la spontaneïté.

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4 février 2009

Big Bang

A première vue, il m’était apparu que Buenos Aires avait bien changé hormis le tango. Depuis 1 an et demi, les mêmes lieux, les mêmes danseurs, la même danse avec un soupçon de  technicité en plus. Mais hier soir, le spectacle de la practica X m’a donné à réfléchir.

Premièrement, la pratique a déménagé dans la rue Humbold 1464 bien dans la mouvance  Palermo Hollywood c’est-à-dire flashy et démesurée : un parallélépipède de béton gris agrémenté d’effet permanent de lumière avec la puissance d’une sono de boîte et l’air conditionné. Ce changement n’est pas anodin.

Cette pratique, laboratoire avancé de la recherche en tango est née dans l’Abasto, le vieux quartier du marché où se côtoie la pauvreté latente de la ville et la récupération mercantile des symboles du passé (Gardel y passa son enfance selon la mythologie traditionnelle). Le néo tango (les termes me manquent pour évoquer la mouvance qui prolonge le tango nuevo) y a fait ses premières dents. A l’époque la pratique empruntait ses mètres carrés à je ne sais quel syndicat de la ville. Des armoires pleines de dossiers poussiéreux toisaient sentencieusement les quelques hurluberlus qui avaient choisi la voie de la figure contre celle de l’abrazo apilado (bien collé).
Il faut dire qu’à l’époque, ce neo tango paraissaient une dégénérescence transitoire, voué à une disparition rapide et à l’engouement de quelques européens mal renseignés en opposition au vrai tango de Buenos Aires censé s’être toujours dansé dans un abrazo fermé.

Mais peu à peu la tendance s’est inversé. Le succès incroyable de la practica X en est la preuve par 9. Hier soir,  le niveau de danse de la pratique était stratosphérique. Les festivals de tango s’enchaînent aux mois de février et mars et tous les gros bras sont là sans compter tous les meilleurs profs de la planète ou presque. (Mention spéciale pour le Adrian Veredice et pour Alberto et Mariela qui m’ont beaucoup ému). Au final, un grand plaisir.

Ce déploiement massif de technicité est bien la preuve que cette branche de l’arbre tango est en pleine floraison. Comme un big bang initié par Gustavo Naveira et Cie, l’univers de ce néo tango s’étend et s’accélère toujours plus.  Les étoiles se multiplient attirant dans leur orbite à chaque fois plus de planètes et de satellites.

Au début je me suis dit,  soit le monde entier a terriblement progressé, soit j’ai régressé ! Mais comme j’avais le sentiment d’avoir progressé, c’est que tout à progressé mais avec une vitesse supérieure pour les composants les plus avancés, ceux qui tirent les autres. Un vrai Big Bang quoi !

3 février 2009

Lo de siempre

2009_02_03_La_del30

- Selon les informations, Pour le reste du monde cette
  crise est pire que celle des années 30.

- Et nous ?

- Nous, nous sommes toujours dans celle des années 30

2 février 2009

Quand le carrosse se transforme en citrouille

Halloween

- Tu as vu qu'aux Etats Unis, ils célèbrent Halloween ?

- Bon, ici aussi ... On te donne le prix de la citrouille
   et ça te dresse les cheveux sur la tête !

... En attendant une étude plus approfondie de la situation ...

1 février 2009

Le Tango du Scorpion

Quelques exemplaires de scorpions

2009_02_01_scorpion_bebe2             2009_02_01_Canjamoto_1200_Scorpion_turbo_bmw_stpz             2009_02_01_Yoga_scorpion
Tout petit mais                                  Version 160 Chevaux                 Version 2 chevaux
déjà teigneux


2009_02_01_Corse               2009_02_01_trinidad_scorpion_0                2009_02_01_Scorpions0001
Version 1 Cheval                        Le terrible piment scorpion         Version Rock Verveine
                                                           du Gratemoilaenbadanldo            pour les plus romantiques

2009_02_01_Poisson_scorpion_432_320                2009_02_01_femme_scorpion_27            2009_02_01_Film_scorpion_2006_reference
Version subacquatique                  Version Ciné fille                           Version Ciné gars

Je suis scorpion ascendant scorpion. Le jour de l’an, en Italie, un type m’a dit que cette année pour les scorpions, les astrologues sont formel : c’est “ tutto per il sesso ˮ. Pour l’instant disons que bof… mes doutes sur l’astrologie sont confirmés…

Mais revenons à nos scorpions. Franchement lorsqu’on s’intéresse de plus près à la vie de cette bestiole, ça ne fait pas rigoler d’en être un.

Le scorpion est un animal tellement incroyable que les aspects les plus horribles de ses coutumes inspirent un je-ne-sais-quoi de fascination.

Le scorpion est l’incarnation de la méchanceté pure selon les Chinois (qui s’y connaissent).
Il pratique un cannibalisme “agressif ˮ : un quart de sa nourriture provient de ses voisins, de son compagnon ou de ses propres petits. Dans les zones où coexistent plusieurs espèces, les doyens du clan le plus faible mangent les petits de l’autre clan pendant que les adultes les plus faibles de son clan sont boulottés par  ceux de l’autre. Les adultes d’un même clan eux se dévorent en permanence pour établir leur domination.

Il fait partie des premiers organismes à s’être extrait de l’eau, voici 450 millions d’années. Depuis, il s’est diversifiés à l’extrême pour s’adapter à pratiquement toutes les conditions possibles : une espèce a colonisés les pentes de l’Himalaya à plus de 5000 m d’altitude, une autre la savane saharienne, une autre encore les abysses de la terre à plus de 800 m de profondeur. Il en existe de minuscules qui s’enfouissent dans les craquelures des ananas. 

Le scorpion a une espérance de vie de 25 ans et plus, ce qui est étonnamment long pour un insecte de petite taille. Cela est dû à son métabolisme ultra lent qui peut s’adapter à toutes les conditions y compris les plus extrêmes de chaleur et de froid. Il peut rester plus de 12 mois sans s’alimenter (tiens ! comme mon blog) ni boire. Sa carapace se recouvre d’une cire qui retient hermétiquement dans ses tissus l’eau qu’i l contient. Même son urine est évacuée sous forme de poudre.

Autre étonnement, la gestation d’un an et demi du scorpion est la plus longue de tous les animaux (à part l’éléphant). La maturité, elle, arrive seulement après 7 ans.

Le scorpion est un animal extrêmement sensible non pas aux telenovelas, ni aux caresses mais aux vibrations et au mouvement des étoiles qui l’aident à se repérer comme un astrolabe.

Ce n’est pas son hostilité aiguë envers les membres de son espèce qui le rapproche du tanguero, ni son goût pour la nuit, mais plutôt le déroulement du rituel de l’accouplement qui s’apparente à un surprenant tango féroce.

Le scorpion a besoin d’un ustensile pour se reproduire. Il ne s’agit pas de l’excellente version de Poema de Canaro nappée de la voix de velours de Roberto Maida mais d’une petite brindille. Il l’enduit de sperme puis la positionne dans un endroit repéré grâce aux étoiles (tout en fredonnant Bajo un cielo de estrellas  avec Alberto Podestá).

Ensuite il empoigne sa partenaire. Autant dire que l’abrazo est du type fermé. La femelle mets à l’épreuve la force du mâle. S’ensuit une série de marches avant et arrière, de corridas et de volcadas musclées où elle se fait piquer violemment par quelques ganchos assassins.  Elle endure le tout par nécessité créatrice et pour éprouver la vigueur de son partenaire. Il ne faut pas croire que l’enjeu du mâle consiste à sortir de la milonga avec la femelle pour lui proposer un café. Pas du tout. Son but est d’arriver à placer la femelle au dessus de la brindille car une fois bien positionnée, un réflexe vital lui fera aspirer la semence.

Le reste est (encore) moins romantique. Bien souvent le mâle se fait dévorer juste après l’acte et pas uniquement à coup de bisous. Quand à ceux qui en réchappent, ce sont ceux qui juste après l’accouplement ont réussi à fuir assez rapidement !

Source : Eloge de la bête de Natalie Angier, Arlea 2005

PS : Dans l’excellent film Mr Arkadin d’Orson Welles, Celui-ci raconte l’histoire de La Grenouille et du Scorpion. Elle donnera pas mal à réfléchir aux scorpions qui me lisent.

31 janvier 2009

Tanto Tiempo

Le pire n’est jamais sûr et en plus, sur le pire on ne sait jamais, sans compter que jamais est moins sûr que pire. Enfin bref, le tango se re-corse. Tout du moins pour la durée de ce voyage durant les mois de février et mars!

Il faut croire que ce blog devient vraiment argentin c'est-à-dire pris d’une tachycardie naturelle bien portègne : 18 mois sans un post et puis soudain 5 posts par jour ! (oui les argentins ont aussi tendance à exagérer).
Bizarrement ce n’est pas tant le tango qui m’y invite que la situation économique.

Le tango franchement  c’est tout pareil. Hier encore, Villa Malcolm m’a renvoyé une impression intense de « dejà vu » (prononcez dérrra vou ). Quasi les mêmes gens (parfois avec des visages différents), quasi la même musique, quasi la même bouillabaisse de sueur et de rires, d’épices et de miel.
Je ne vais pas trop à la milonga. Les festivals de tango pour touristes champignonnent. Et même si je suis moi-même un touriste, le snobisme délirant d’échapper à la pêche au filet m’en prévient.

Non, il y a plus sérieux, l’Argentine est au bord de la crise (de nerfs dans un premier temps puis cardiaque dans un second). Jusqu’à présent le discours officiel sermonne que les pays émergents vont s’en sortir sans trop de dommages voire tirer la croissance mondiale. Malheureusement la réalité est tout autre.

Le blog va s’attaquer au problème en toute liberté éditoriale avec son arme de toujours : le toupet que lui confère l’ignorance bienheureuse de son incompétence !

Autrement dit plutôt qu’une meurtrière sur le tango underground de Baires, le blog se profile comme une annexe des forums de Davos et de Belem !

2009_01_31_fontanarrosatira

- En tant que docteur en économie, je précise que la crise ne
   signifie pas "désastre"   mais plutôt "opportunité de changement".

- Et quel changement imaginez-vous pour cette crise, professeur ?

- En ce qui me concerne, donne-moi le pognon ou je t'explose !

18 juillet 2007

¡ Que vida !

Le blog s'interrompt.
Suite à un problème de santé dans ma famille, je retourne précipîtamment sur Marseille.
A bientôt, je l'espère.
¡ El tango es mas vivo que nunca !
(et il a bien de la chance !)

9 juillet 2007

¡ Que noche !

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                            1918                                                                                       2007

Il a neigé sur Buenos Aires. C’est extrêmement rare. La dernière fois c’était en 1918. Et c’était déjà très rare. Pour l’occasion, l’excellent mélodiste Augustín Bardi composa le tango ¡ Que noche ! (quelle nuit !).
L’anecdote mérite quelques lignes. Le tango est fait de ces mythes de poches contés par les frères Bates dans leur histoire du tango.

Le 22 juin 1918, Bardi et deux de ces amis reviennent de l’hippodrome de La Plata. Les tangueros sont tous dingues des chevaux. De retour, leur Ford se décompose à l’entrée de Buenos Aires que la neige a transformé en une cité quasi inconnue. Ce spectacle lui inspire la musique d’un tango. Plus tard, Bardi raconte l'aventure à son ami Eduardo Arolas au café T. V. O. du quartier de Barrancas. Celui-ci lui répond : «Ponele "¡Qué noche!", Chino.» (Appelle le « quelle nuit  !» Le Chinois (surnom de Bardi)).

Bardi vécu de 1884 à 1941. Autant dire qu’il fait partie de la vieille garde du tango. Pourtant, presque tous ses tangos possèdent une élégance dans la mélodie, une originalité rythmique, un truc qui les rend indémodables. Ses thèmes, parés des habits neufs que les orchestres plus récents ont bien voulu leur prêter, paraissent à chaque fois actuels. Gallo Ciego par Pugliese, La Racha par Di Sarli, Chuzas par Gobbi ou cette interprétation bien dansable de D’Arienzo.

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(cliquez pour écouter)

6 juillet 2007

Avellaneda

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Heather Goodwind est une artiste qui a choisi pour son expo personnelle, le quartier d’Avellaneda dans le grand Buenos Aires. Elle expose des dessins et des sculptures où sourd une menace indéfinissable sur le bonheur individuel féminin que la répétition des œuvres n’arrive pas à épuiser. Les artistes ont toujours du nez pour dénicher des endroits intéressants.  Le quartier d’Avellaneda, excentré mais proche, où le terrain coûte presque rien pourrait bien être le Brooklin de Buenos Aires, c'est-à-dire un endroit d’abord rejeté et bon marché, qui se transforme en quartier chic où les prix flambent et où tous les wanna be fortunés veulent aménager leur loft.

2 juillet 2007

Body Awareness

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Comme beaucoup de danseurs de tango à Buenos Aires, je suis en recherche de moyen d’avancer dans ma pratique. Bien souvent ceux qui dansent depuis quelques temps déjà sont confrontés à des problèmes qu’ils ne savent plus comment aborder parce qu’ils sont toujours les mêmes ! En général des choses basiques que l’on détecte facilement mais que l’on ne sait pas résoudre. Les sempiternels « utilise ton centre », « sois dans le sol », « garde ton axe », « relâche tes jambes » etc… Une stratégie beaucoup employée ici est de contourner l’obstacle pour l’attaquer d’une autre manière, une stratégie de guérilla, en somme, qui préfère l’utilisation des bords au clash frontal.
Marcela Trapé a été danseuse professionnelle de Tango durant 4 ans, il y a 2 ans. Elle est par ailleurs danseuse contemporaine et enseigne le Body Awareness ® (conscience du corps).
Cette discipline est une prise de conscience des mécanismes biomécaniques du corps. Elle donne des outils assez universels pour comprendre comment fonctionne le corps en mouvement et donne des clefs pour tous les types de danse. Cette discipline est transversale : elle synthétise des idées d'autres disciplines comme Feldenkrais, Laban, Fedora etc... (voir le graphique ci-dessus) . Son but est de conscientiser nos limitations, de débloquer et d'organiser notre corps pour mieux gérer son énergie.
Evidemment tous ceux qui (comme moi) ont été rendus fous par l’utilisation du mot « centre » dans toutes les classes de tango auxquelles j’ai assisté avec chaque fois, à l’Argentine, des explications ultra convaincues et discordantes, trouveront leur bonheur dans la classe de Marcela qui aborde ce thème avec beaucoup de précision.
De plus, la classe où on se caresse, se masse, se manipule, se roule les uns sur les autres, est une expérience d’éveil de la sensualité. Lors de la première classe, je me suis retrouvé au sol, les bras en croix, avec deux jeunes filles qui me massaient le ventre, les jambes et les bras, afin de stimuler la connexion de mes membres. Oui, je sais, on peut raconter n’importe quoi dans un blog, mais il se trouve que c’est vrai !
La classe de Marcela est suivie d’une classe de contemporain où se mettent en pratique les thèmes abordés dans la classe de Body Awareness. Elle est excellente également.
A partir de Juillet, chaque mois Marcela compte faire un séminaire de 5 hs pour aborder des outils utiles aux tangueros.

Marcela Trapé
Body Awareness method
Rivadavia 2530 2°11

Lundi de 16 h 30 à 18 h 00
Mercredi de 16 h 30 à 18 h 00

Classe de contemporain
Lundi de 18 h à 19 h
Mercredi de 18 h à 19 h

28 juin 2007

La douce tristesse de Raúl Berón

Voilà 25 ans, Raúl Berón s’est tu à jamais.
Le 28 juin 1982, sa voix rejoignait le ciel auquel au fond elle avait depuis toujours appartenu.
Issu d’une famille de folkloristes de Zarate, le père joue de la guitare et avec ses 4 frères, il forme le groupe Los Porteñitos.
A 19 ans, il est présenté à Miguel Caló. L’anecdote est assez célèbre. Á l’ami qui le présente, il lance « Dis à ton ami de continuer à chanter des chacareras à Achalay. Moi, j’ai besoin d’un chanteur de tangos pas d’un folkloriste ».
Pourtant, Caló su exploiter le lien profond de cette voix avec la musique criolla, avec son sens de l’ornementation et la naturalité de sa grandiloquence.
Berón, un baryton qui visitait les territoires du ténor, avait une voix plus obscure que Gardel. Il savait planer au dessus des mélodies en subtilisant parfois leurs rythmes.
Berón n’a jamais formé un couple inséparable avec un orchestre comme Ángel Vargas et d’Agostino ou Echagüe et d’Arienzo. Il navigua avec Caló bien sûr mais aussi avec Demare, Francini-Pontier et Troilo. A chaque fois il laisse l'empreinte de sa voix inimitable, une voix qui maquille le bonheur de retenir ses larmes.

Ce post est inspiré par cet article du clarin

En hommage, un classique des milongas  Que solo estoy accompagné par l'orchestre de Lucio Demare :

Demare_Beron_Que_solo_estoy

26 juin 2007

ça fait combien en tout ?

Tout le monde sait qu’il y a, à Buenos Aires, ENORMEMENT de milongas, que l’on peut y danser BEAUCOUP, qu’il y a chaque soir UN CHOIX IMPRESSIONNANT de milongas. Et que l’on peut voir DES TAS de spectacles pour touristes si l’on a l’humeur de claquer 300 mangos. Mais il reste difficile de quantifier tout ça. Beaucoup de lieux de tangos fonctionnent de manière confidentielle comme les milongas de barrio, d’autres lieux plus orientés vers le tourisme et la captation rapide de devises ne font même pas de pub dans El tangauta !
L’observatoire du sous-secrétariat des industries culturelles les a compté.
Il y a en tout 130 milongas et 40 casas de tangos (restaurant avec spectacles pour touristes).
Soit une moyenne de 18,57 milongas tous les soirs !

23 juin 2007

Confiteria del molino

2007_06_22_losmolinos
(cliquez pour amplifier)

Buenos Aires regorge de trésors mais ils sont parfois enfouis profond. Le destin de la Confitería del Molino conte la vraie histoire Portègne. La petite, celle des magouilles et des malversations et la grande, celle qui remonte aux fastes de la fin du XIX ième siècle.

En 1821, un Italien, Constantino Rossi ouvre au coin des rues Rivadavia et Rodríguez Peña la confitería del Molino baptisée ainsi parce qu’à 150 m se trouvait le moulin Lorea.
En 1886, elle est rachetée par le pâtissier Brenna créateur de classique portègne. Brenna déménage la confiserie à Rivadavia 1801, rachète le local attenant et contracte en 1915 l’architecte Gianotti pour unir les deux commerces et réaliser une œuvre d’envergure.
L’édifice est déclaré Monument historique en 1997.
Au même moment le panneau « fermé pour congés » promettant la réouverture dans trois semaines, s’affiche sur la vitrine du magasin. Les employés sont congédiés pour de bon et les rideaux du magasin restent fermés jusqu’en 2004.
En 2004, la ville octroie au propriétaire le groupe  Ropabren un subside de $80 000.
La Confitería ré-ouvre …pour 10 jours ! le temps d’un festival culturel.
Depuis, ce joyau de la culture portègne reste obstinément fermé. Le statut de monument historique ne suffit pas à la préemption de l’édifice par l’état, Il faut qu’il soit classé « d’utilité publique » et de cela le sénat débat depuis dix ans… sans effet.

A l'intérieur deux magnifiques salons pourraient servir de cadre à de grandioses milongas.

21 juin 2007

Salon Dorado

La ville a ouvert un nouvel espace culturel Avenida de Mayo al 575. Il s’agit d’une médiathèque regroupant des documents sur Buenos Aires : des livres anciens, des cartes, mais aussi pas mal de vidéos de tango antiques. J'y reviendrais, mais ce lieu recèle le trésor du salon doré. Une immense pièce de style baroque débordant de colonnes, d’enluminures, de ciels, d’angelots jouant du luth, de ces fameux luminaires « araignées » qui font normalement saliver les touristes et bien sûr d'or fin. Toutes les semaines, il y a des concerts gratuits, tantôt de musique classique (le théâtre Colón est fermé pour travaux pour deux ans !), tantôt de tango. Aujourd’hui, se donne un concert de l’orchestre école fondé par Emilio Balcarce et conduit maintenant par Nestor Marconi. Au passage, il est possible de se procurer le documentaire Si sos Brujo (si tu es sorcier) qui retrace son histoire et ses débuts. Cet orchestre a pour mission de transmettre le savoir des musiciens, en voie d’instinction, qui ont participé aux grands orchestres typiques des années 40 et 50, aux jeunes musiciens des conservatoires. Le répertoire est formé de tangos classiques avec un respect scrupuleux des arrangements originaux de tous les styles et d’œuvres nouvelles au gré des musiciens invités.
La formation de 5 bandoneons, 5 violons, 1 alto, un violoncelle, une contrebasse, un piano est capable de sonner comme du Di Sarli, comme du Pugliese ou comme du Troilo et c’est ce qui en rend l’écoute si troublante. Les versions de Organito de la Tarde de Di Sarli ou de Nostálgico d‘Aníbal Troilo s’écoute avec une finesse qu’aucun enregistrement ne peut reproduire. La masse voluptueuse des cordes de Di Sarli fait entendre une incroyable richesse harmonique. Quant au Troilo c’est un véritable ronron de Rolls Royce. Dans le salon doré, la musique, purement acoustique, donne une idée de ce qu’on pu ressentir les danseurs des années 40 à leur écoute. Notamment il paraît évident que l’amplification (et donc l’enregistrement) transforme la dynamique de la musique (la différence entre les pianissimos et les fortissimos). La perception de la douceur et de la respiration d’un solo d’instrument  contraste violemment avec les bourrasques de tutti d’orchestre. Il m’a paru évident que l’on ne pouvait pas danser de la même manière sur une telle musique si l’on souhaitait respecter ses nuances de volume. Sur les enregistrements que nous connaissons, un instrument seul ou bien la voix sonne aussi fort qu’un orchestre tout entier. Les arrangeurs de l’époque doublaient ou triplaient les instruments suivant l’intensité qu’ils souhaitaient. Ils disposaient d’une palette sonore identique mais ils avaient les moyens de mieux l’utiliser. Et il apparaît que la course au toujours plus fort se poursuit aujourd’hui dans la musique electro qui, elle, égalise tout au niveau maximal. Plus de sensations, moins de finesse ...
Dans l’effeuillage des orchestres dans l’orchestre, celui de d’Arienzo fut pour moi le plus puissant. Question de goût sûrement mais aussi pourquoi si peu d’orchestres d’aujourd’hui ne visitent-ils pas plus ce style rythmique, enjoué et en un mot dansant ? Mystère.

17 juin 2007

Baile del caño

2007_06_22

- l'influence de la TV est nocive pour le nouveau festival de Tango

(Allusion au programme de télévision Bailando por un sueño de Marcelo Tinelli qui cartonne ici.
Les danseurs y pratiquent la "danse de la barre" et c'est chaud)

13 juin 2007

La marmelade des corps

La danse contact est une discipline d’improvisation corporelle à deux ou plus. Il n’y a pas de règles particulières à ce jeu autres que celles qu’emmènent tel ou tel corps et qui fonctionnent, c’est-à-dire qui maintiennent le contact. Celui s’entend à un niveau perceptif et donc n’est pas prisonnier de tel ou tel mouvement mais plutôt d’une manière de dialoguer avec l’autre, que ce soit avec le petit doigt ou en pesant de tout son poids. Les ponts avec le tango sont évidents : écoute, proposition, harmonie … Les Jams sont des regroupements de danseurs sur un parquet de studio de danse.  Les groupuscules se font et se défont au rythme de l’envie et de l’intérêt de la rencontre. Le silence de la Jam est rythmé par le crissement des corps sur le sol, le halètement des danseurs et certains qui s’animent à chanter ou à bourdonner. L’expérience est intense mais autant le dire tout de suite est réservée à ceux qui possèdent une grande liberté du corps et de l’esprit. Ou qui désire entrebâiller cet espace là. Et puis c’est en soit un spectacle époustouflant. Les corps s’unissent et se repoussent de manière organique en n’obéissant qu’à leur propre loi. Rien ne peut dire lorsque ça va commencer et si ça va s’interrompre, si le groupe va se disloquer ou incorporer de nouvelles cellules. Le tout dans un silence de cathédrale.

Jams de Contact
Espacio Corpo
Paraguay 4694
Jueves 22 hs y Domingos 21 hs
Contribución $5

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le tango se corse
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